Timbres en musique

20 Septembre 2013, 21:43  -  #musique, #philatélie, #voyages

« JE T’AIME TROP »

Il y avait le chanteur fou. Le matricule 28.475, la boule à zéro, lui, est fou d’amour pour une dame qu’il nome « Pipouche ». La femme est à Paris. Lui est à l’armée, France, Allemagne, Algérie. De 1960 au 25 août 1962, le pioupiou lui écrit des centaines de lettres d’amour-passion. Vingt-cinq ans s’écoulent. Cette même femme lui remet ces « Lettres d’Amour d’un soldat de vingt ans ». Les Editions Grasset les publieront en 1987.

« Ah ! parfois j’ai si mal de notre éloignement. Alors je fais semblant de rire pour m’empêcher de pleurer ; Un rire qui étouffe le chagrin. Je pense au rire de Crolla (guitariste d’origine italienne 1920-1960)… relisez la lettre de Musset et pensez que je l’ai écrite »

« Vous êtes la rose du Petit Prince et puis, aussi son renard et ses mille quatre cent quarante couchers de soleil. Je marche avec vous dans les yeux. Il ne faut plus raisonner. Il faut penser par amour, penser juste On ne raisonne que par la tête, mais on pense, aussi, avec son cœur. Je hais les raisonnements surtout logiques. »

Les lettres sont parfois désespérées. Le soldat attend les réponses qui n’arrivent pas. Le téléphone reste muet, à l’époque pas de boîte vocale ni de répondeur. Pourquoi ce silence ? Oui bien sûr elle doit avoir des amants à Paris ! La plume du bidasse est érotique quand ses mains, sa bouche curieuse se promènent sur le corps de la femme aux yeux brillants. Quand il n’est pas de garde, il rêve « au monde entier vu par Prévert, peint par Chagall. » Ou lit Camus, Vallès, Gorki, Zola. Il est aussi amoureux de la musique qui, « comme tout art, vient de l’âme du coeur et de l’esprit ». Miles Davis, Parker, Monk, Coltrane. Politiquement : « Il faut que l’OAS se sente, à son tour, menacée par les femmes, les enfants et les hommes qu’elle terrorise. » Dans la chambrée, il chante Ferrat Brassens, surtout « Ne me quitte pas ».

« Vous m’avez demandé pour les permes. Ce soir je suis trop bien avec vous pour parler d’autre chose que la joie. J’ai sommeil, je vais m’allonger. Amour, mon tendre amour, venez là tout contre moi ; je vais vous aimer toute la nuit. »

Que l’Algérie est belle sous ses mots ! Les habitants, les chants, les odeurs, la musique de la nature, le mouvement des étoffes, la danse, les youyous. Son choix est fait : du côté du peuple Algérien.

Il vous appelle « Ma gosse chérie ». Qui estes vous, Madame, inconnue, qui a enflammé ce jeune biffin ? Vous semblez, « artiste », plus âgée que lui. Vous lui avez permis d’écrire un roman d’amour magnifique.

« J’ai envie de vous tout entière, sans réserve. Boire notre amour et le sentir entier couler en NOUS comme une nuit d’été ». La quille, plus que quelques jours et là… le jeudi 2 août 1962 : J’ai reçu votre dernière lettre. Moi aussi, ça sera ma dernière lettre. Je rencontre la vraie douleur ; La perte d’un amour. Vous me dites pardonnez-moi. Je n’ai pas à pardonner, aimer n’est pas une faute…(…) Vous avez donné de l’amour à deux hommes, pourquoi vous en aurais-je de la rancune ??Je ne veux plus que nous nous écrivions. La chute d’un tel espoir est dure à accuser, je n’arrive pas à renoncer, mon cœur et mon corps refusent de l’admettre… les cons !!!

Jacques Higelin

Lettres d’Amour

D’un soldat de vingt ans

Grasset 1987

Fleur de Lotus

Été 2013

Enveloppe Poste restante, Volubilise, juin 2015

POSTE RESTANTE

GUY BÉART (1958)

On s’écrivait de tendres choses, des mots pervers mais innocents Et rouges comme notre sang, de les redire ici je n’ose J’ai tenté de brûler ces pages, rien à faire et je les relis Tes arrondis les yeux remplis de ces courbes à ton image

On s’écrivait poste restante, au rendez-vous des apprentis Au rendez-vous des sans-logis que sont les amours débutantes

Quand tu me griffais de ta plume, je restais tout pâle interdit Sous ta griffe encore aujourd’hui, ma fièvre ancienne se rallume Depuis lors sous d’autres couleurs, j’ai battu, je me suis fait battre Ta guerre seule est opiniâtre, tu m’avais fait battre le cœur

On s’écrivait poste restante, au rendez-vous des apprentis Au rendez-vous des sans-logis que sont les amours débutantes

Un jour ma lettre me revint, tu n’allais plus jusqu’à la poste Tu avais déserté le poste et mes lettres partaient en vain Et revenaient me prendre ailleurs, ici, là, je changeais d’adresse Et m’atteignaient dans ma détresse tous ces « retours à l’envoyeur »

On s’écrivait poste restante, au rendez-vous des apprentis Au rendez-vous des sans-logis que sont les amours débutantes

Que monte une flamme nouvelle sur cette cendre, désormais Si tu vois combien je t’aimais, entre tes lignes se révèle Ce qu’hier je n’ai pas su lire, il faut du temps pour faire un cœur N’as-tu pas détruit par rancœur ce qu’hier je n’ai pas su dire

On s’écrivait poste restante, au rendez-vous des apprentis Au rendez-vous des sans-logis que sont les amours débutantes que sont les amours débutantes

Envoi de Fleur de Lotus, 17 janvier 2015

Pochette de 45 Tours de Guy Béart, chinée sur la brocante du boulevard Alexandre Martin à Orléans. Technique du décopatch, découpages, pochette renforcée par un carton. Le disque n'a pas été expédié, pour qu'il ne risque pas de casser et de blesser quelqu'un.Volubilise, juin 2015.
Pochette de 45 Tours de Guy Béart, chinée sur la brocante du boulevard Alexandre Martin à Orléans. Technique du décopatch, découpages, pochette renforcée par un carton. Le disque n'a pas été expédié, pour qu'il ne risque pas de casser et de blesser quelqu'un.Volubilise, juin 2015.
Pochette de 45 Tours de Guy Béart, chinée sur la brocante du boulevard Alexandre Martin à Orléans. Technique du décopatch, découpages, pochette renforcée par un carton. Le disque n'a pas été expédié, pour qu'il ne risque pas de casser et de blesser quelqu'un.Volubilise, juin 2015.

Pochette de 45 Tours de Guy Béart, chinée sur la brocante du boulevard Alexandre Martin à Orléans. Technique du décopatch, découpages, pochette renforcée par un carton. Le disque n'a pas été expédié, pour qu'il ne risque pas de casser et de blesser quelqu'un.Volubilise, juin 2015.

MAURICE
BAQUET,
Portrait avec violoncelle

Hervé Bodeau Editions Guérin,

novembre 2016

Préface de Nicolas Philibert

 

 

Nous avions laissé le violoncelliste Maurice Baquet dans une lettre d’en O. Cet été 1998 avec le guide Christophe Profit, il attaquait la dernière longueur d’une voie de la face sud de l’Aiguille du Midi, dont il avait fait la première avec le Marseillais Gaston Rébuffat en 1956. Les arpèges de son violoncelle avec deux ailes, virevoltaient, comme un Rondo en do majeur de Boccherini, Volubilise assise sur une vire s’en souvient, ses cheveux ouverts en partition dans le bleu montagne accrochaient blanches et noires de toutes les couleurs.

 

Il naît le 26 mai 1911 à Villefranche-sur-Saône, le pays du beaujolais. Il s’éteint le 8 juillet 2005, chez lui à Noisy-le- Grand. Toute sa famille joue au quotidien de la musique. Trombone flûte violoncelle piano. Pour Momo ce sera aussi, violoncelle. Premiers cours à 11 ans. Un soir, en attendant le souper dans la chaleur de la cuisine familiale et les bouillonnements de la soupe chantonnant en chœur dans la marmite, son regard fixe intensément une boîte de sel Cérébos… violon sel… Maurice a trouvé le nom de son instrument, non de son alter ego ! Maurice et Cérébos ne se quitteront plus.

À 17 ans il obtient le premier prix du conservatoire de Lyon. Il goupille un marché avec un maçon italien : cours de violoncelle contre cours de ski. Une autre rencontre lui fait découvrir l’alpinisme et Chamonix. Il tombe dans le chaudron de la haute montagne, croise Roger Frison-Roche qui l’engage comme porteur sur un film… Il part pour Paris, la rue de Madrid… Premier prix du conservatoire à 23 ans. Premières compétitions militaires de ski… Sa grande spécialité : la descente d’escaliers à ski, christiania de rêve ! Saut de piano ! Il se rallie au groupe Octobre et croise une bande d’agitateurs culturels… Allégret Barrault Benoît-Lévy Blier Brasseur Bussières Doisneau Duhamel Grémillon Grimault Ichac Le Chanois Mouloudji Prévert Renoir…. Tous dynamitent scènes et écrans.

1936 est enfin là ! Il joue les Suites de Bach dans les usines. Dora Maar lui présente Picasso... L’intelligence culturelle va t-elle empêcher le drame qui se profile à l’horizon depuis longtemps ? De chasseur alpin il passera à zouave, et sur la tête de la tarte à la chéchia. Et puis, 1943, « Premier de cordée » le film de Louis Daquin avec Irène Corday, Jacques Dufilho, Roger Blin, J-M Thibault, Louis Ségnier, d’après le roman de Frison-Roche.

 

Isolé délaissé Cérébos s’ennuie ferme ; à la libération lui et Momo écument les salles de spectacles de la capitale. Tout en respectant la musique ils font les clowns burlesques poétiques. D’autres personnages vont les croiser, Martine Carol, Yves Robert, Luis Mariano, Albert Lamorrisse, Robert Dhéry… Il repart vers les sommets avec Rébuffat et James Couttet, à nouveau le cinéma d’altitude avec à la technique Georges et Pierre Tairraz, René Vernadet.

Leïca et Rolleiflex de Robert Doisneau vont fixer les ballets de Cérébos et Momo. On ne sait pas très bien qui est le chorégraphe, qui est l’instrument, qui est le musicien. Maurice Baquet l’infatigable continue, on le retrouve dans le rôle de Puck, ou dans " Holiday on Ice ". On l’apercevra dans Z, Monsieur Klein. Le saltimbanque sera un professeur exigeant dans plusieurs conservatoires.

Duo avec Rostropovitch, Gitlis, gags musicaux avec Pablo Casals (timbre ci-dessous). Le deuxième recueil de ce coffret est un album de photographies – la plupart de Robert Doisneau- qui illustrent la vie la créativité la fantaisie de Maurice Baquet et la complicité installée avec son ami photographe. Parfois il pose crampons et archet, pour la plume : « On dirait du veau », Editions Jacques-Marie Laffont, 1979. Avec le temps, le granit, les suites de Bach s’estompent. À 94 ans, juste avant le clap de fin, le virtuose devenu aveugle se réjouit que le guide Christophe Profit ait repris le violoncelle.

 

 

Fleur de Lotus, le 20 janvier 2017

 

 

 

Portrait de Pablo CASALS, violoncelliste, par Ernest PIGNON-ERNEST, 2006.

Portrait de Pablo CASALS, violoncelliste, par Ernest PIGNON-ERNEST, 2006.

Enveloppe postée par Fleur de Lotus pour faire un coucou en chanson depuis la boutique philatélique du Carré d'Encre (Paris) avec letimbre hommage à Léo Ferré dessiné par C215.

Enveloppe postée par Fleur de Lotus pour faire un coucou en chanson depuis la boutique philatélique du Carré d'Encre (Paris) avec letimbre hommage à Léo Ferré dessiné par C215.

Timbres, flammes, carte philatélique, sur le thème "musique et chanson".
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